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  • vincentreynouard2

Alison Chabloz en prison

Voilà quelques jours, j’affirmais qu’au Royaume-Uni, la liberté d’expression était menacée. Un événement vient de le confirmer : depuis le 31 mars, Alison Chabloz est en prison.


Le 14 juin 2018, l’artiste avait été condamnée pour des chansons qualifiées d’ « extrêmement offensantes » envers les Juifs. La Justice britannique lui avait infligé : a) 180 heures de travaux d’intérêt généraux ; b) une interdiction de publier sur les réseaux sociaux pendant douze mois ; c) 20 semaines de prison avec sursis et deux ans de probation de deux ans (1).


Les poursuites avaient été intentées par une association juive : « La Campagne contre l’Antisémitisme » (2). Commentant cette condamnation (et une autre du même genre), un auteur avait titré : « Mort de la liberté d’expression en Angleterre » (3). Il avait raison.


Alison Chabloz fit appel. En vain : le 13 février 2019, la Justice britannique confirma le premier jugement (4). Satisfait, le président de la Campagne contre l’Antisémitisme, Gideon Falter, lança : « C’est la première condamnation, au Royaume-Uni, d’un négateur de l’Holocauste qui publié sur les réseaux sociaux. (…) au regard de la loi britannique, le jugement fait jurisprudence. » (5)


Le 23 septembre 2019, la Justice reconnut Alison Chabloz coupable d’avoir enfreint les conditions qu’elle devait respecter dans la cadre de sa période de probation (6). L’artiste fut alors jetée en prison (7).

Grâce à son avocat qui fit appel, elle fut relâchée quelques jours plus tard. Dans un message, Alison raconta sa mésaventure (8).


Mais la Campagne contre l’Antisémitisme veillait. En juillet 2020, l’organisation intenta de nouvelles poursuites. Motif : l’année précédente, Alison Chabloz avait participé à deux émissions radio diffusées à partir des États-Unis. On lui reprochait d’avoir accusé les Juifs d’endoctriner leurs enfants avec les histoires d’Holocauste, les transformant en « maniaques psychotiques » : « Pour la majorité des Juifs désormais, l’Holocauste est devenu une identité. Le pilier central du judaïsme, maintenant, c’est l’Holocauste : "Oh, nous avons tant souffert". » Quelques semaines plus tôt, Alison Chabloz aurait déclaré que « le comportement des Juifs expliquait la façon dont Hitler les avait traités » et qu’il n’y avait rien de mal à dire que le Führer avait eu raison. (9)

Poursuivie, le 4 décembre 2020, l’artiste raconta les persécutions qu’elle subissait depuis des mois (arrestations, interrogatoires, saisies…) (10)


Le procès eut lieu le 31 mars. D’après la presse, à l’audience, le procureur demanda à Mme Chabloz : « Dire que l’Holocauste a été exploité par le lobby sioniste et qu’il sert à extorquer de l’argent, reconnaissez-vous que c’est offensant ?» Alison répondit : « Je dirais c’est attesté par un large faisceau de preuves. » Interrogée sur la raison pour laquelle elle avait lancé : « Six millions de Juifs bla-bla-bla », elle répondit que ce chiffre était invoqué par les juifs depuis 1880. Plus tard, elle ajouta : « Les gens ne vont plus à l’église, mais ils sont invités à adorer les Juifs ».

Dans son réquisitoire, le procureur affirma que les propos tenus par Alison Chabloz « allaient bien au-delà de l’expression d’opinions dépassées, de la satire permise et des commentaires iconoclastes. (…) En vertu des règles qui régissent une société ouverte et multiraciale, ils sont "gravement offensants". »

L’avocat de la prévenue, Me Davies, plaida la liberté d’expression assurée par l’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme. En vain. Déclarée coupable d’avoir tenus à la radio six propos « gravement offensants » pour les Juifs, Alison Chabloz a été incarcérée. Le juge justifia sa décision en ces termes : « Protéger cette communauté contre de telles offenses si choquantes est une urgence sociale. » (11) S’adressant à la condamnée, il ajouta : « Je ne vous condamne pas parce que vous êtes antisémite, je ne vous condamne pas parce que vous êtes un négateur de l’Holocauste. Je vous condamne parce qu’en deux occasions distinctes, alors que vous étiez en probation, vous avez participé à des émissions radio durant lesquelles vous avez tenus des propos gravement offensants. (…) ils insultent une communauté vulnérable » (12)


La Campagne contre l’Antisémitisme ne cache pas sa satisfaction. Un de ses animateurs lance : « Le verdict et la sentence d’aujourd’hui rendent justice à la communauté juive et la protègent contre une personne qui s’est donné pour mission de nier l’Holocauste et de persécuter les Juifs. Ils envoient également un message clair à ceux qui voudraient s’engager dans la même voie. Ce n’est pas fini. Mme Chabloz fait face à d’autres accusations que nous avons transmises à la Police. Nous n’arrêterons pas tant que tous les antisémites comme Alison Chabloz ne seront pas là où il doivent être, c’est-à-dire derrière les barreaux. » (13)


En Angleterre, la liberté d’expression est moribonde…


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